Pourquoi la nicotine rend-elle dépendant ?

Publié le par Didier

Arrêter de fumer. Une résolution que beaucoup de fumeurs se sont donnée au début de cette nouvelle année. Plus facile à dire qu'à faire. Patchs, chewing-gums ou même acupuncture tout est bon pour se débarrasser de cette mauvaise habitude. La faute à qui ? La nicotine. En êtes-vous sûr ?
Tous les fumeurs vous le diront, une cigarette détend et stimule la mémoire. Des études le prouvent, certes mais le cancer du poumon lui, fait des ravages chaque année. Des milliers de personnes meurent en France de cette maladie à cause de la cigarette. Pourtant s'arrêter de fumer relève du parcours du combattant. Prise de poids, irritabilité, sensation de manque… une vraie partie de plaisir ! Qui provoque cette accoutumance ? La nicotine.
 
100 % naturel
Les firmes internationales de cigarettes ont souvent bon dos, mais là personne ne peut les taxer d'ajouter ce produit pour rendre les fumeurs dépendants. La nicotine est une molécule, un alcaloïde pour être précis, présent naturellement dans la feuille de tabac. Sa concentration y est élevée ; elle représente pas moins de 5 % du poids de la plante.
La nicotine a été découverte en 1809 par un Français, Louis-Nicolas Vauquelin, professeur de chimie à l'Ecole de médecine de Paris. Elle doit par contre son nom à Jean Nicot. Ce composé est soluble dans l'eau et est extrait des plantes de tabac par macération dans l'eau pendant une douzaine d'heures.
La nicotine présente des propriétés de stimulation sur le système nerveux, à faible concentration. Elle va exciter des cellules nerveuses bien particulières, à savoir les neurones dopaminergiques. Ils libèrent des hormones que tout le monde connaît, les endorphines. Elles sont responsables de notre sentiment de plaisir.
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Une stimulation persistante
Si la nature procure du plaisir, pourquoi en sommes-nous accros ? Tout est physiologique. La volonté ne suffit pas pour se sevrer, loin de là. Pourquoi ?
La nicotine est un acétylcholinomimétique, c'est-à-dire qu'il imite un neurotransmetteur bien particulier, l'acétylcholine. Cette molécule est libérée par les neurones sous l'effet d'un influx nerveux et elle permet de transmettre les informations neuronales entre les différents neurones. En effet, les neurones sont séparés les uns des autres par une fente, la synapse. Pour garder le contact, les neurotransmetteurs prennent le relais. Au niveau des neurones dopaminergiques, la membrane arbore des récepteurs dits nicotiniques. L'acétylcholine s'y fixe et permet le transfert de l'information et en l'occurrence conduit à la libération de dopamine.
Quand le neurotransmetteur se fixe aux récepteurs, il les rend insensibles pendant un temps : il s'agit de la désensibilisation. La nicotine, elle, va prolonger cette phase de désensibilisation lorsqu'elle viendra se loger sur ces récepteurs à la place de l'acétylcholine. Plus le fumeur sera soumis à l'action nicotinique moins les neurones dopaminergiques seront sensibles et donc la sensation de plaisir va radicalement s'amoindrir. Pendant une période d'abstinence, une partie des récepteurs nicotiniques retrouvent leur sensibilité, ce qui provoque une hausse anormale de la neurotransmission cholinergique. Résultat : le fumeur ressent de la nervosité et un inconfort qui le pousse à fumer une cigarette pour retrouver sa sensation de plaisir. Voilà comment le fumeur devient intoxiqué au tabac.

Publié dans SCIENCES

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